La 10ème édition du festival Visa For Music, qui se tient actuellement à l’Institut Cervantes de Rabat, a été le théâtre d’une conférence majeure axée sur la protection des droits des musiciens à l’ère de la diffusion digitale.
Cette rencontre, intitulée « Dialogue international des créateurs: repenser la diffusion musicale, garantir un écosystème viable pour les créateurs de musique », a vu la participation de professionnels de l’industrie musicale du Maroc et d’autres pays tels que l’Autriche, la France, la Suède, le Sénégal, le Kenya, la Tunisie, et l’Espagne.
La conférence a abordé les défis soulevés par l’essor du streaming. Ce mode de diffusion, qui permet de « profiter de la musique n’importe quand et n’importe où », semble selon les participants « plus profitable au public et aux labels musicaux qu’aux artistes et créateurs ».
Le streaming au banc des accusés
Benoît Machuel, secrétaire général de la Fédération internationale des musiciens en France, a déclaré : « Ce panel est destiné à mettre en exergue l’échec du modèle du streaming dans l’industrie musicale qui favorise les plateformes de diffusion et les labels de disques, laissant pour compte les créateurs, les compositeurs, les paroliers et les artistes interprètes ». Il a souligné l’importance d’encourager les artistes à construire leur carrière sans être privés de leurs gains légitimes.
Noelia Salas Muñiz, gestionnaire de compte à la Société des artistes et interprètes en Espagne, a présenté le modèle espagnol où, depuis 2018, « les musiciens de studio ont désormais droit à une rémunération sur la base des revenus des plateformes de diffusion ». Ces dispositions sont intégrées dans les contrats existants entre artistes, maisons de disque et plateformes de streaming.
Pour le marché africain, Didier Awadi, artiste et directeur de studio au Sénégal, a souligné que l’Afrique, en tant que grand marché émergent de musique, doit « profiter des avantages du streaming à travers la démocratisation de l’accès à l’Internet » et a appelé à « plus de transparence » dans le calcul et la distribution des profits. Sharon Onyago-Obbo, productrice kényane, a mis l’accent sur la nécessité de « examiner de près l’écosystème global de la diffusion musicale » et a évoqué les initiatives au Kenya pour sensibiliser les artistes à leurs droits.
La 10ème édition de Visa For Music se poursuit jusqu’au 25 novembre avec la représentation de plus de 80 pays et représente un nouveau rendez-vous incontournable pour les acteurs de l’industrie musicale mondiale.